En route pour le Jordan Bike Trail

J’aime ces adieux à l’aéroport, ces dernières minutes partagées avec B, ces derniers regards. L’intensité règne, le superflu est laissé au placard. Ce sont peut être nos derniers mots, nos dernières caresses avant le grand voyage. Cela impose le silence des mots et les yeux prennent soudainement la parole. Au lieu de clignoter face à un écran pour éviter les larmes provoquées par l’observation d’une source lumineuse inhabituelle, la conversation des regards humains prend le dessus, comme pour rappeler la genèse de l’alchimie qui existe entre une Femme et un Homme.

730 kilomètres, 20 000 mètres de dénivelé, 57 ascensions

La route des rois approche, avec une connexion curieuse avec le chemin royal des incas que j’ai exploré en juillet 2019: j’ai l’âme aisément corruptible quant il s’agit d’aller sur les traces d’empires disparus et de civilisations exterminées. Ces phénomènes humains, où la chute marque le point final, me fascinent. Que reste t’il de ces concours faramineux d’ego et d’anthropocentrisme? Quelle culture a survécu au cœur de ces territoires? Quels sont les enseignements imprégnés dans l’ADN des survivants ? Autant de questions qui font office de prisme à mon propre égo. Ces expéditions sont des fusibles de l’égo, des moyens extrêmes de s’arc-bouter, de courber l’échine et fléchir le genou face à la dure réalité cynique de la vie: après la tempête vient le salut. De la terre à la terre, tout n’est que cycle et je finirai très vite en terre. J’ai hâte de rentrer dans le rythme de l’effort de ce nouveau voyage et de rallumer les hauts fourneaux de mes poumons. Le challenge est de taille: 2 fois l’Everest à gravir sur des pistes rocailleuses et sablonneuses pour relier la mer de Galilée à la mer rouge. Les températures négatives de l’hiver jordanien vont garantir des longues échappées nocturnes avec mon acolyte Jonas qui déteste le froid ! J’entends déjà le son de crépitement du gravier sous mes roues et le chant de ma respiration qui forment l’orchestre de cette symphonie stupide mais magique du mouvement à Bicyclette. La partition jordanienne est vierge, tout reste à inventer, à respirer et à coucher sur le papier froissé de mon âme: Jordanie, j’arrive pour t’écrire.

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